Interview Simon, rappeur : « Nous contribuons plus que beaucoup de politiciens »
- dakardirect
- 7 janv. 2015
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2014 bouclée par une distinction, le rappeur Simon, nommé «artiste de l’année» par Rewmi Fm, a bien voulu dire à Seneweb ce qu’il retient de l’année écoulée, dans un bref entretien.
«Le hip hop Galsen, c’est beaucoup de choses. On décerne des titres d’homme de l’année dans d’autres secteurs, comme celui de la politique, alors que chez nous il y a aussi plein d’initiatives. On sert par exemple de levier de communication quand il faut se battre contre des maladies comme Ebola, le Sida, le paludisme et autres. Sur le plan éducatif aussi, nous mettons notre main à la pâte. Nous représentons aussi notre pays à l’extérieur sur le plan culturel. Nous faisons des tournées dans les 14 régions alors que certains ne jouent qu’à Dakar. On fait énormément de choses et on participe au développement de la culture sénégalaise. Le Show du Grand théâtre, c’est vrai que c’était une première. Mais il faut dire que derrière Simon, il y a tout un staff. C’est vrai qu’on se clache beaucoup, mais au Grand théâtre on a vu toutes les générations (les old school, new school), qui se sont donnés pour réussir cela».
«Quand le pays a besoin de nous, on es
«Il y a une jeunesse qui croit au mouvement hip hop, qui, lui aussi, le lui rend bien. Quand Ebola était là, les rappeurs ont sorti des singles pour sensibiliser. Ils ont aussi balisé le chemin à d’autres musiciens tels que les mbalakh men. C’est pour montrer que quand le pays a besoin de nous, on est là. Quand il faut aussi faire dans l’événementiel, on est là. Canabass a fait une tournée dans quasiment toutes les 14 régions. Nous, on a fait 11 régions, ouvert des bureaux de culture urbaine, formé des jeunes. Nous avons même inséré des jeunes à l’Ism, à l’Iam etc, pour qu’ils se forment. Le Groupe ‘‘Keurgui’’ aussi revient d’une tournée, qu’il a faite avec ses propres moyens. Donc ca bouge beaucoup. Même sur le plan audiovisuel, on fait de bonnes choses. Le studio Sankara fait pas mal de pubs, et des hip hoppeurs font dans l’infographie et habillent beaucoup de télés. Pour tout ça, les gens n’en parlent pas. Mais il suffit qu’il y ait quelque chose pour que les gens disent ‘‘oui le rap ceci le rap cela’’».
«Personne ne parle de ce qu’on fait de bon, dans la sensibilisation par exemple. Malheureusement, on n’est pas très défendus. Africulture urbaine forme par exemple beaucoup de jeunes qui viennent de la sous région alors qu’à la base, c’était un dépotoir d’ordures. On a fait quand même 42 concerts cette année. A chaque fois, on paye des taxes municipales, la Tva est déduite et va dans les caisses de l’Etat. Des fois, j’entends certains dire ‘‘allez travailler’’. Nous contribuons plus, en termes de Tva, que beaucoup de politiciens qui font des louanges. On a fait travailler 87 personnes cette année et elles sont payées. Donc ce que nous faisons c’est du travail et nous aidons nos parents avec cela».
«En 2014, il y a eu beaucoup de calculs politiques»
«Ce qu’on a retenu de 2014, c’est beaucoup de calculs politiques. De récompenses par rapport à des coalitions. Beaucoup de jeux d’intérêts, au détriment des populations, qu’on oublie souvent. On fait des choses entre politiques et on oublie les populations. De bonnes choses ont été faites, je ne suis pas nihiliste. Quand on voit le ministre de l’Education déceler toutes ces fraudes, quand on voit ce qu’Eva Marie Coll Seck a fait avec Ebola, on dit chapeau. La baisse du loyer et de certaines denrées, on dit peut mieux faire. Mais franchement, les populations voient encore ces jeux politiques. Ca se passe entre eux. ‘‘J’attaque là où ca fait le plus pour qu’on m’appelle et qu’on me donne un poste’’. ‘‘Je fais des louanges pour qu’on me donne des postes ou qu’on en donne à mon parti’’. Certaines choses se font au détriment des populations. On ne pense pas assez à ces populations, surtout à ceux qui sont à l’intérieur du pays. Il faut que l’Etat arrête ces calculs et pense au peuple. C’est vrai, on a diminué l’impôt sur les salaires, mais au Sénégal tout le monde n’est pas fonctionnaire»
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